Au cours des dernières années, Apple a considérablement modifié sa politique à l’égard de ses systèmes d’exploitation plus fermés tels que iOS et iPadOS, les rendant de plus en plus flexibles et plus proches d’un type d’utilisation qui était auparavant impensable sur un produit Apple.

Il semble toutefois que la plus grande révolution n’ait pas encore eu lieu, mais qu’elle soit au contraire toute proche, selon un nouveau rapport de Bloomberg, qui annonce d’importantes innovations pour l’iPhone et l’iPad. En effet, pour la première fois de son histoire, il semble qu’Apple soit enfin prêt à rendre possible l’installation d’applications tierces, à donner libre accès à la puce NFC de ses iPhones, à ses API les plus privées, et même à autoriser l’utilisation de moteurs de rendu web alternatifs à WebKit.

La pression de l’UE

Le déblocage de la situation semble avoir été l’entrée en vigueur de la loi sur les marchés numériques, qui est sur le point de faire une percée majeure pour tous les scénarios dans lesquels une entreprise peut agir comme un gardien sur les appareils et services qu’elle contrôle, restreignant ainsi la concurrence. Avec l’entrée en vigueur du DMA dès le printemps 2023, Apple se retrouve une fois de plus – après l’affaire de l’USB-C – à devoir composer avec la réalité d’un espace politique et économique qui vise à démanteler autant que possible tout monopole aux mains des grandes entreprises technologiques, en allant imposer des règles qui maximisent le libre marché.

La réponse d’Apple – selon ce que nous apprend Bloomberg – sera d’accepter le changement et de poursuivre ainsi l’élimination de tous les enjeux typiques d’iOS et d’iPadOS (macOS est beaucoup moins fermé), à commencer par la possibilité d’autoriser des systèmes d’accès aux applications alternatifs à l’App Store. Cela signifie une plus grande variété d’applications pour les systèmes d’exploitation mobiles d’Apple, puisque les limitations imposées par la société lors de l’examen des applications proposées sur l’App Store seront supprimées.

Évidemment, cela se traduit aussi par une réduction des revenus provenant des achats d’applications, mais nous avons vu comment l’ouverture d’Android n’a certainement pas provoqué l’effondrement d’un système comme le Play Store, malgré le fait que même Google a rendu extrêmement désavantageux le fait de ne pas être présent sur la boutique officielle de la plateforme. Apple visera probablement aussi quelque chose de similaire, mais l’important est qu’il rende possible l’utilisation d’une voie alternative, si le développeur ou l’utilisateur ne veut pas nécessairement recourir à l’App Store.

De grands changements à venir

L’effet de la loi sur les marchés numériques n’affectera pas seulement la gestion des applications, mais aussi d’autres aspects très importants de iOS et iPadOS. L’une des principales concerne l’ouverture d’Apple à l’utilisation d’autres moteurs de rendu web sur l’iPhone et l’iPad, résolvant ainsi la situation paradoxale actuelle qui a conduit plusieurs développeurs (mais aussi des utilisateurs) à demander un changement de cap.

Jusqu’à présent, en effet, tous les navigateurs web sur iOS et iPadOS doivent utiliser WebKit comme unique moteur de rendu, ce qui fait de n’importe quel Chrome ou Edge une véritable peau de Safari. Les navigateurs tiers se comportent comme le navigateur natif, ce qui signifie qu’une éventuelle incompatibilité de WebKit avec un site Web ou un élément de celui-ci ne peut être surmontée simplement en changeant de navigateur, puisqu’ils sont tous essentiellement les mêmes.

L’ouverture à de nouveaux moteurs de rendu permettra donc aux utilisateurs d’utiliser des navigateurs basés sur des solutions telles que Blink – le moteur de Chromium – et toute autre alternative qui sera proposée par les développeurs, ce qui permettra enfin d’utiliser le vrai Chrome sur iOS/iPadOS et ainsi de suite.

D’autres changements concerneront l’accès aux API privées d’Apple, de sorte que de plus en plus d’applications et de services tiers pourront s’interfacer nativement avec de nombreux éléments matériels et logiciels d’iOS/iPadOS, comme le proposent les applications Apple. Par exemple, il sera possible d’avoir un accès complet à la puce NFC afin de l’utiliser également pour les paiements par des services autres qu’Apple Pay, ou encore la possibilité d’insérer des appareils tiers dans le réseau de l’Where.

Sous quel délais ?

Pour l’instant, le rapport de Bloomberg ne nous fournit pas de détails précis sur le timing avec lequel Apple intégrera ces nouveautés sur ses appareils, mais il est fort probable qu’iOS et iPadOS 17 seront le premier banc d’essai pour la conformité aux directives DMA, puisque la sortie des prochains systèmes d’exploitation est prévue pour l’automne 2023, c’est-à-dire juste au moment de la période d’ajustement de 6 mois autorisée à partir du moment où les règles entrent en vigueur.

Il n’est pas exclu que certains premiers changements aient déjà lieu avec les prochaines versions bêta d’iOS/iPadOS 16, peut-être pour commencer à travailler sur certains aspects moins radicaux et pour arriver à certaines solutions déjà dans le pipeline au début de 2023, mais pour le moment il est trop tôt pour le savoir. Quoi qu’il en soit, l’année prochaine sera effectivement un tournant entre le passé et l’avenir d’Apple, surtout en ce qui concerne l’iPhone.